Le métier de dessinateur de presse
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Le journalisme est une profession importante dans la vie quotidienne du citoyen, mais aussi pour la vie démocratique. C’est un métier dont l’apport est si important que la presse a fini par acquérir le titre de “quatrième pouvoir”. Pour jouer son rôle, la presse peut compter sur de nombreux modes d’expression : le reportage de radio ou de télévision, la presse écrite, la photographie, mais aussi le dessin. Celui-ci se décline sous deux formes principales, la caricature, bien connue et populaire, et le dessin de presse, encore mystérieux et peu connu par le public. C’est ce dernier que nous abordons dans cet article.
Qu’est-ce qu’un dessinateur de presse ?
Le dessin de presse est aussi ancien que l’invention du journal, mais ce terme n’est apparu, pour la première fois, qu’en 1979. Il désigne la représentation graphique de l’actualité. Il ne s’agit toutefois pas d’une représentation figurative, visuellement fidèle à la réalité, mais plutôt de l’expression de l’interprétation personnelle qu’a le dessinateur de l’événement ou de l’idée qu’il traite. Le dessinateur est donc à la fois un artiste et un journaliste qui est, dans la plupart des cas, détenteur d’une carte de presse, qui est soumis aux mêmes devoirs et obligations et qui jouit des mêmes droits et protection que tout autre journaliste.Cette variante du métier de dessinateur consiste ainsi à interpréter l’actualité, souvent de façon subjective. Son produit prend ainsi la forme et la valeur d’un billet d'humour, car le dessinateur a fréquemment un parti pris, comme l’ironie et le trait d’esprit sont deux caractéristiques essentielles du dessin. L’objectif du dessinateur est en conséquence d’interpeller le lecteur, d’attirer son attention sur un détail, une nuance, un concept lié à l’actualité. Il vise aussi à faire rire, sourire, réagir. Le dessin peut aussi être dérangeant et même pousser à l’indignation. Enfin, le dessin peut être plus grave et solennel, comme c’est le cas pour le croquis d’audience. Celui-ci est un dessin d’après nature réalisé en temps réel pendant les procès et publié dans les médias. Pour ces derniers, c’est souvent le seul moyen d’illustrer les reportages traitant des affaires judiciaires, car, en France, les photographies et les vidéos sont interdites au cours des audiences.
Si aujourd’hui, la liberté de presse est garantie en France et protège les illustrateurs presse, ces derniers restent soumis à des pressions politiques, économiques et sociales qui se manifestent notamment lorsqu'ils interprètent et illustrent les faits de corruption ou des abus de pouvoir. Les extrémismes aussi menacent ces journalistes dessinateurs, surtout lorsque le dessin humoristique sur l’actualité les dérange. L’attentat de Charlie Hebdo en est l’exemple le plus flagrant en France et le plus triste, puisque cette attaque a fait 12 morts dont 5 dessinateurs de presse.
Un métier aux enjeux et risques multiples
Le métier de dessinateur est tout sauf une sinécure. Les professionnels qui l’exercent le font par passion et leur activité est souvent sous-tendue par un engagement politique et social. De nombreuses évolutions sociétales importantes et de multiples événements historiques sont intimement liés, dans les souvenirs de beaucoup, à des dessins de presse marquants. La première guerre mondiale, la résistance pendant la seconde guerre, Mai 68, les indépendances des colonies, la légalisation de l’avortement sont autant d’événements et de périodes ayant inspiré des générations de dessinateurs qui se sont engagées pour un camp ou un autre, acceptant de payer, parfois, le prix fort pour exercer leur métier.Si aujourd’hui, la liberté de presse est garantie en France et protège les illustrateurs presse, ces derniers restent soumis à des pressions politiques, économiques et sociales qui se manifestent notamment lorsqu'ils interprètent et illustrent les faits de corruption ou des abus de pouvoir. Les extrémismes aussi menacent ces journalistes dessinateurs, surtout lorsque le dessin humoristique sur l’actualité les dérange. L’attentat de Charlie Hebdo en est l’exemple le plus flagrant en France et le plus triste, puisque cette attaque a fait 12 morts dont 5 dessinateurs de presse.
À ne pas confondre avec la caricature
Le dessin presse et le dessin caricature partagent les mêmes techniques, mais divergent sur l’esprit et l’objectif. Le mot caricature est dérivé de l’italien caricatura qui signifie exagérer ou charger. La caricature déforme donc les formes et les concepts et force le trait souvent dans le but de faire rire ou de provoquer. La caricature produit ainsi plus de dessins humoristiques politiques que d’illustrations objectives ou subjectives de l’actualité et le caricaturiste de presse imprime de façon plus appuyée sur ses dessins ses opinions, son humour, son humeur et son style.Le dessin journalistique, quant à lui, même s’il peut être marqué par engagement sociétal de son auteur et par son humour, se veut plus fidèle à la réalité, car il vise à informer, à faire réfléchir et parfois, comme c’est le cas dans la presse engagée à défendre une idéologie ou un projet de société par des dessins satiriques sur l’actualité.
Comment devenir dessinateur de presse ?
Il n’y a pas de formation dédiée spécialement pour pratiquer ce métier. Il n’y a pas non plus de diplôme de dessinateur journalistique qui est délivré par une école ou une université. Il faut, avant tout, être un véritable artiste, avoir une “patte”, un style à soi et, de préférence, avoir suivi une formation artistique. Un niveau bac +2 est souhaité et il est possible de l’obtenir au sein d’une école des beaux-arts ou une école de graphisme avec une option illustration.Il existe aussi aujourd’hui des écoles et centres de formation en ligne qui sont tout aussi efficaces et pratiques pour améliorer ses talents de dessinateur ou d’illustrateur. Ces centres de formation dessinateur de presse et autres sont, en outre, bien plus pratiques et plus accessibles que les écoles des beaux-arts ou les écoles régionales. Elles permettent aussi d’entamer une reconversion professionnelle puisque le rythme de la formation s’adapte au rythme de l’apprenant pouvant cumuler un emploi à côté.
Pour devenir dessinateur de presse, il faut, après avoir réalisé une formation artistique, convaincre par son talent graphique, mais aussi par sa capacité à recueillir des informations, à les synthétiser et à trouver un angle d’attaque pour les illustrer avec un dessin. Beaucoup d’illustrateurs de presse sont déjà des artistes indépendants et ont souvent leurs propres bandes dessinées et propose leurs illustrations à différents médias en prenant compte de l’orientation politique de leur message et celui du journal. Cependant, d’autres journalistes dépendent d’un journal ou d’une maison d’édition. C’est le cas par exemple de Riss, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo.
Le recrutement d’un artiste pour qu’il dessine une illustration de presse se fait donc par le biais de sa notoriété et de ses œuvres existantes, mais aussi de sa qualification. D’où l’importance d’une formation artistique sérieuse qui consolide les talents innés et augmentent la crédibilité du candidat auprès des rédacteurs en chef et directeurs de journaux qui ont toujours le dernier mot concernant le recrutement.